Mère Théodosie (Orlova)

Née le 4 février 1876 à Moscou, Vera Alexandrovna Orlov fit ses études à l’école de dessin technique du baron Stiglitz à Saint-Petersbourg, comme l’avait fait le professeur du père Grégoire à l’Ecole d’art graphique de Tallin, en Estonie, Gustave Germanovitch Reindorf. Elle émigra à Paris après la révolution et se consacra au dessin ainsi qu’à la peinture à l’huile. En 1931, elle participa à l’Exposition Internationale de l’Affiche à Liège, ainsi qu’au Salon d’Automne de la même année à Paris. Elle est l’auteur de deux portrait gravés de Leon Nicolaevitch Chestov et d’Alexis Michaïlovitch Remizov dont elle fit don au Musée de Culture et d’Histoire de Prague. Membre de l’Association « Icône » fondée à Paris par Vladimir Pavlovitch Ryabouchinsky, c’est là qu’elle apprit la technique de l’icône, et participa aux expositions annuelles organisées par l’Association tant à Paris en 1947 et 1948, qu’à Strasbourg.

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L'intérieur de l'église des Trois saints Hiérarques, avant l'installation des iconostases réalisées
par Georges I. Kroug (le futur père Grégoire) et Ouspensky. La composition des cloisons provisoires,
visibles à leur place sur la photo, était déjà due au crayon de Georges I. Kroug.

Membre actif du Podvorié des Trois Saints Hiérarques, elle appartenait, avec saint Yvan Arcadiévitch Lagovsky, au comité artistique constitué par l’archimandrite Athanase Netchaev pour veiller à la décoration de l’église au moment de sa fondation. Elle a peint l’une des premières icônes qui y fut installée, celle du saint médecin martyr Pantéléïmon qui continue d’y bénir la prière fervente des croyants. Elle peignit aussi pour l’église les grandes icônes des Saints Serge de Radonège, Séraphin de Sarov et Tikhon de Zadonsk qui, dans l’église actuelle, ornent la paroi séparant les deux kliros de la nef.

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Bien que le travail de mère Théodosie ait été tantôt iconographique tantôt non, avec souvent tendance au naturalisme, sa peinture est toujours emprunte d’une profonde spiritualité et d’une grande sobriété, tant de moyens que d’expression. Parmi ses œuvres iconographiques, en effet, on peut citer en exemple la grande icône de Saint Georges, qu’elle réalisa encore pour le Podvorié et qui fut recouverte d’un vêtement d’argent.

Elle reçut la tonsure monastique en 1932, après avoir écrit, sur les conseils de l’évêque Benjamin, à saint Silouane de l’Athos. Le Starets lui répondit en bénissant son projet ainsi qu’en l’assurant de la dignité de sa vie. Elle poursuivit la vie monastique chez elle, de manière cachée, dans la pauvreté la plus absolue, non loin de l’église de la Sainte Trinité où elle suivait tous les offices et devait former, après la libération, avec les moniales Anne (Kiparissova) et Anastasie (Boulatsell), également logées indépendamment non loin de l’église, une sorte de communauté menant la vie des skites sous la direction spirituelle du père Serge Chévitch.

Lorsque le père Serge accueillit Georges Ivanovitch Kroug (le futur père Grégoire) à Vanves comme novice, après la grave maladie spirituelle qu’il subissait depuis la guerre, ce fut mère Théodosie qui lui servit de mentor, certes un peu de professeur, mais surtout de conseiller expérimenté, attentif et sage, d’accompagnatrice, de soutien – d’inspiratrice aussi, car plusieurs œuvres de père Grégoire et non des moindres, sont issue du travail antérieur de mère Théodosie, comme l’icône de saint Georges, par exemple ou les portes saintes de l’église de la Sainte Trinité (particulièrement les montants). C’est aussi grâce à elle que père Grégoire retrouva son équilibre.


Après avoir passé les dernières années de sa vie à la Maison Russe de Sainte Geneviève des Bois, elle s’est endormie dans le Seigneur le 5 septembre 1964 et repose au cimetière russe, non loin de l’église de la Dormition.