Les socialistes révolutionnaires et la prochaine canonisation des martyrs de la famille impériale
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OPOVESTCHENIE (Les échos), 1928, n°3
LES SOCIALISTES REVOLUTIONNAIRES ET LA PROCHAINE CANONISATION DES MARTYRS DE LA FAMILLE IMPERIALE
Dans le n° 2 d’Opovestchenie, nous attirions l’attention des lecteurs sur un fait révoltant : la publication par Les Jours, l’organe des SR [Socialistes-Révolutionnaires], du faux journal de Viroubova. Ce « journal » a été fabriqué si grossièrement qu’il a suscité des protestations jusque chez les journalistes soviétiques officiels. Les socialistes de l’émigration, malgré les réactions négatives des spécialistes et les dénégations de Viroubova elle-même, l’ont présenté à leurs lecteurs comme un document historique. Il aura fallu que la non-authenticité du « journal » soit reconnue en Russie pour que Les Jours cessent la publication de cet ouvrage qui souille la mémoire des martyrs impériaux.
Quelques mois plus tard, en juin, le journal de l’Empereur Nicolas II a commencé de paraître dans la même publication. Les Jours l’ont emprunté aux Archives Rouges. En réalité, il ne s’agit pas d’un journal, mais de brèves notes quotidiennes. Il commence le 1er janvier 1918 et s’interrompt le 30 juin (selon l’ancien calendrier), c’est-à-dire quelques jours avant le martyre de la Famille Impériale. Ce journal témoigne d’une telle grandeur spirituelle qu’il ne peut pas ne pas susciter le plus profond respect pour le Tsar. L’émotion que provoque la lecture de ce document authentiquement humain est amplifiée quand on sait que son auteur n’est pas un simple mortel, mais le Tsar – de droit divin – de la Russie.
Nous pensons que l’archevêque Anastase, qui se trouve actuellement à Jérusalem, a raison quand il dit que « le martyre du Tsar russe Nicolas II est sans égal dans l’histoire de ces derniers siècles, et que ce n’est que là, sur le mystérieux Golgotha, que nous comprendrons le sens caché de la croix qui lui a été imposée d’en haut, ainsi qu’à toute sa famille. Le Golgotha, c’est l’autel de sacrifice de l’univers, mais aussi le lieu du jugement de l’univers. » Nous croyons, nous aussi, que l’issue du Jugement impartial de Dieu sera la glorification par l’Église de ces grands martyrs – leur inévitable canonisation. Nous en sommes convaincus non seulement à cause de leur fin de martyrs, mais aussi à cause des grandes vertus chrétiennes qu’ils ont manifestées en portant la lourde Croix que Dieu leur a imposée.
Dans le prochain numéro d’Opovestchenie seront publiés des extraits du Journal du Tsar, qui nous informeront sur les derniers mois de la vie de la Famille Impériale.
En conclusion, nous voudrions dire que nous ne pouvons pas ne pas être reconnaissants à Les Jours de nous avoir fait connaître ce document exceptionnel. Nous ignorons les mobiles qui ont poussé ce journal à le publier. Nous aimerions croire que ces mobiles ne sont pas malhonnêtes, que Les Jours veulent se racheter d’avoir propagé des calomnies malveillantes sur la Famille Impériale par l’intermédiaire du faux journal de Viroubova. Il faudrait vraiment avoir le sens humain tordu et corrompu pour supposer que les notes du Tsar défunt puissent produire une impression défavorable à son égard. Nous devons dire que le collaborateur de Les Jours qui a travaillé à la publication du journal du Tsar est, lui, privé de sens humain quand il se permet de commenter certains passages par un « sic ! ». À son avis, ces passages n’étaient pas tout à fait corrects du point de vue de la syntaxe. Il va sans dire que ce genre de procédé est déplacé, surtout quand il s’agit d’un document de cette importance. Nous voudrions suggérer à la rédaction de Les Jours que si elle était plus attentive aux articles de ses propres collaborateurs, elle aurait très souvent l’occasion d’y ajouter ce même « sic ! » en guise de commentaire.