La correspondance du père Serge aujourd’hui

La Providence, jusqu’à présent, nous a mis en possession de lettres du père Serge Chévitch de types bien différents.
Il utilisait volontiers le courrier et écrivait souvent. Ce qui ne l’empêchait pas de téléphoner presque chaque jour, lorsque c’était possible, à ceux pour lesquels il était animé d’un souci particulier.
Il écrivait à ses enfants spirituels proprement dits mais aussi à tous ceux avec qui il entretenait une relation – en fait avec tous ceux qu’il rencontrait et qui avaient besoin d’un signe de sa part, d’un encouragement, d’un avertissement, ou d’une parole quelconque pour poursuivre leur chemin. Il s’agissait le plus souvent de brèves missives de congratulation pour les fêtes ou pour d’autres occasions, ou transmettant simplement sa bénédiction, souvent écrites au dos de petites images saintes.
Il y avait aussi des lettres plus développées quoique simples et brèves dans leur ensemble, soit contenant des conseils spirituels pour ceux qui se destinaient à la vie monastique soit donnant des nouvelles et relatant des évènements importants[1] mais malgré tout extrêmement dépouillées. Elles ne révèlent rien de sa vie intérieure.
Toutes les lettres de ce type que nous connaissons sont postérieures aux années 1960. Elles sont, pour tout autre que le destinataire, d’une banalité déroutante. Père Serge n’y enseigne quasiment pas mais en revanche il console, soigne, guérit.
Cela n’est perceptible évidemment qu’à celui à qui elles sont adressées. En effet, d’un mot ou deux, apparemment tout à fait banals, il applique le remède approprié à son interlocuteur, ravive l’amour pour Dieu, redonne courage et restaure la grâce: les mots en eux-mêmes paraissent si insignifiant qu’on serait tenté d’y voir plutôt comme un toucher par la parole, analogue au toucher de la robe du Christ qui guérissait ceux qui s’approchaient de Lui dans la foi[2].
Les mots sont pleins de la grâce que père Serge y mettait par sa prière, par son amour, par son soucis spirituel pour la personne et par son sacrifice personnel. A cause de son reniement de soi, ces mots si simples sont lestés d’une charge spirituelle d’autant plus grande qu’il attribuait plus complètement à Dieu tout ce qui pourrait arriver de bon. On pourrait faire la même remarque, à propos de lettres du père Sophrony (Sakharov) qui ont été publiées récemment.[3] Son expérience lui avaient montré qu’il n’était pas utile de rien livrer de lui-même.
On peut même aller plus loin en disant qu’en accord avec le commandement[4] de haïr "même sa propre vie", il ne s’intéressait pas du tout à ce qui le concernait personnellement. Non seulement cela : sans tristesse aucune, il avait horreur de lui-même. Plus grand l’amour, plus grande aussi la volonté de disparaître.
Encore une fois, de telles lettres, pour tout autre lecteur que le destinataire, présentent peu d’intérêt – à moins d’une lecture extrêmement attentive et éclairée, à moins d’en être fait soi-même, par la Providence de Dieu, un nouveau destinataire.
Mais récemment, nous ont été communiquées une série de lettres beaucoup plus anciennes et d’un type bien différent. Malheureusement, nous n’en possédons pas le texte complet mais seulement des extraits, la personne qui en est dépositaire craignant que quelqu’un puisse reconnaître la destinataire. Ces extraits, au nombre d’une quinzaine et dont la longueur varie d’un paragraphe à une page, ont été publiés intégralement dans le journal de l’Association Saint Silouane, le Buisson ardent[5], à l’automne 2017.
Cette lettres sont utiles pour tous. Elles sont précieuses pour ceux qui s’intéressent à l’approfondissement de leur vie chrétienne mais aussi pour ceux qui veulent mieux connaître le père Serge. Donnant un enseignement positif, il révèle inévitablement certains aspects de sa vie personnelle qui resteraient autrement cachés.
Les lettres ne sont pas datées et il est difficile sinon impossible de reconstituer un ordre. Nous savons cependant que le père Serge fut en relation avec cette correspondante depuis la seconde moitié des années 1930 jusqu’au décès de cette dernière en 1960. C’était une dame russe émigrée vivant à Paris avec sa fille. Elle avait perdu toute sa famille pendant la révolution, et traversé de dures épreuves. Grâce au père Serge, elle se détacha aussi complètement du monde que le lui permettait sa vie familiale et centra sa vie exclusivement sur la relation avec le Seigneur. Etant donné son ardeur pour la prière, ce sont des lettres qu’on dirait monastiques – quoiqu’adressée à une personne vivant dans le monde, mais dont l’unique préoccupation est spirituelle.
Le père Serge éclaire sa correspondante sur ce qu’elle est entrain de vivre. Sans jamais parler de lui-même, mais ayant lui-même l’expérience de ce qu’elle éprouve, il peut lui révéler des aspects dont elle n’a pas conscience, lui en donner le sens et lui montrer comment répondre à ce que le Seigneur lui envoie, ce qu’Il attend d’elle.
Père Serge signant " Higoumène Serge", on peut en déduire que l’échange épistolaire portant sur les questions spirituelles a débuté peu après son ordination monastique en novembre 1941.
Etant sans doute nettement plus jeune que sa correspondante, son ouverture n’est pas gênée par la crainte d’entraîner dans l’orgueil son interlocutrice en la plaçant sur un plan d’égalité – ce qu’un tel partage n’aurait pas manqué de faire pour d’autres correspondants.
Pour qu’un homme spirituel se livre, il faut que ce soit indispensable spirituellement pour son interlocuteur ou bien que l’interlocuteur, ayant atteint le même niveau, apparaisse comme un ami[6].
De nombreux thèmes sont abordés au cours de cet échange mais certains le sont d’une manière très originale. Je voudrais en aborder essentiellement sept:
– La relation entre l’amour et la prière;
– L’oraison et l’intercession par la vie;
– L’action de grâce comme prière incessante;
– Le repentir et la joie;
– Vie monastique ou vie laïque;
– La prière et la violence exercée sur soi;
– Le sentiment de la présence du Seigneur.

1) La relation entre l’amour et la prière

En guise d’introduction, je voudrais rapporter quelques paroles qui m’ont été adressée dans les années 1970:
"Vous savez, les sentiments d’amour, cela ne veut pas dire grand-chose! Un moment ils sont là, puis le moment d’après, ils ont disparu, pourquoi, comment, c’est difficile à savoir et, en réalité, dans la vie spirituelle, cela nous intéresse peu! C’est bien  souvent simplement l’effet des passions. Ce qui compte, c’est l’amour de Dieu, le seul amour véritable! Cet amour s’exprime par excellence dans la prière pour les autres – pour ceux qu’on aime mais surtout aussi pour ceux qu’on aime pas, pour les ennemis  comme pour les amis, pour tous les hommes, sans exception! Pour ce qui dépend de  nous, l’amour véritable, c’est la prière. Et la prière produira en vous l’amour (et dans le  cœur des autres aussi), mais un amour différent, cet amour incorruptible qui ne cherche pas la réciprocité, qui ne dépend ni des affinités ni des ressemblances, qui est  sans fluctuation[7]."
Voici ce que ces lettres disaient à ce sujet, 35 ans plus tôt:
" La prière de Jésus – c’est l’Amour pour Dieu et le premier commandement, aussi bien  de l’Ancien que du Nouveau Testament: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu" veux dire:  pratique la prière de Jésus, qui est : Amour de Dieu. Grâce à cette prière,  sans l’avoir  même cherché, le cœur s’enflammera d’amour pour le prochain et pour toute créature  de Dieu."
Et cet amour a la particularité, lorsque Dieu le veut, d’être – comme le dit père Serge – très sensible à l’autre, comme émanant de Dieu même; il est comme une caresse pour l’âme, avec les mêmes caractéristiques: liberté (nous sommes d’un seul coup devenus enfin pleinement libres en face de quelqu’un, dans son regard, dans la relation avec lui, et de cette liberté accordée par Dieu à l’homme, qui est véritable et divine, c’est-à-dire liberté de faire toujours le seul bien, Sa Volonté – celui qui doit choisir entre le bien et le mal manifestant par là qu’il n’est plus libre), foi ou confiance absolue dans la protection toute puissante, disparition de la peur (il n’y a plus ni péril ni ennemi, il n’y a plus rien que l’homme doive craindre[8]), éternité (cet amour est autant depuis toujours que pour toujours), incorruptibilité, tendresse compatissante, caractère prophétique, révélation (nous y sommes mieux connus que nous ne nous connaissons nous-mêmes), sagesse (parce que communion dans l’être avec le Créateur), consolation, etc.
C’est un amour éternel en un sens positif: pas seulement un sentiment constant, qui dure, mais un sentiment sans cesse renouvelé, exactement: " une source qui jaillit sans cesse", comme on va le voir.
La suite du paragraphe, en effet, développe la réciproque : c’est l’Amour du prochain à son tour qui s’identifie avec la prière de Jésus. En accord avec la Première Epître de Saint Jean[9], l’amour du prochain atteste concrètement, vérifie la vérité de l’amour pour Dieu exprimé par la prière. Et l’amour du prochain représente en lui-même la prière par excellence par laquelle se manifeste l’amour pour Dieu. Voici ce que dit père Serge:
" Il n’est pas possible d’aimer sincèrement le Créateur – sans aimer l’œuvre de Ses mains. Aimez ceux qui vous entourent: c’est cela aussi la prière de Jésus. A chaque  effort dans cette direction, tout de suite, de votre cœur jaillira "la source d’eau vive  jaillissant jusque dans la vie éternelle"[10] – l’amour de Dieu c’est cela, la toute- allégresse[11] du Saint Esprit – la prière incessante."

Ces lettres du père Serge rappellent, non seulement du point de vue des expressions employées mais dans l’esprit, les conseils spirituels du saint Ancien Porphyrios, nouvellement canonisé. En effet, ce dernier affirme également cette réciprocité[12]:
"C’est prier que d’approcher toute créature de Dieu avec amour et vivre avec toutes en  harmonie…"
Quant aux créatures, c’est pour elles "la révélation des fils de Dieu" attendue par la création souffrante dont parle saint Paul[13].
2) L’oraison et l’intercession par la vie
Saint Jean Climaque, dans L’Echelle[14], exprime lui aussi cette idée que la vie elle-même représente une intercession plus puissante (ou au moins aussi puissante, selon les circonstances et les personnes) que l’oraison. Dans le degré 28 consacré à la prière, le saint Père, dans le langage concis qui est le sien,dit ceci:
" Demande par l’affliction, cherche par l’obéissance, et frappe par la patience. Car celui qui demande ainsi reçoit; qui cherche, trouve; et à celui qui frappe, on ouvrira[15]."
L’oraison se trouve relativisée au profit de la vie selonles commandements. La prière en général, en effet, demande quelque chose alors que la vie ne demande rien, elle s’oublie elle-même.Elle se tient sur la croix, comme le bon larron, et crie silencieusement: "Souviens-toi de moi…[16]", dans le même désespoir plein d’espérance que le Seigneur prescrivit à saint Silouane en ces termes: "Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas![17]"
Et en effet, d’après père Serge, cette intercession-là – la pratique de l’amour du prochain – est exaucée immédiatement, jusqu’à la plénitude du don de la grâce du Saint Esprit lors de la Pentecôte:
" A chaque effort dans cette direction, tout de suite, de votre cœur jaillira "la source d’eau vive jaillissant jusque dans la vie éternelle[18] – l’amour de Dieu c’est cela, la toute-allégresse du Saint Esprit – la prière incessante."
Comme le dit le Seigneur Lui-même:
"Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture."
Et le Théologien par excellence ajoute:
"Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.[19]"
Le jaillissement de la grâce du Saint Esprit dans le cœur du disciple constitue la prière incessante. On comprend donc que c’est alors l’Esprit Saint qui intercède dans le cœur et que le caractère incessant de la prière, dépassant les forces humaines, est le fait du Seigneur Lui-même. Comme le dit saint Paul, l’Esprit Saint intercède Lui-même avec des gémissements ineffables.[20]
La prière alors s’unit à l’action de grâce: la "toute-allégresse du Saint Esprit"!
3) L’action de grâce comme prière incessante du cœur
L’action de grâce représente, en effet, pour le père Serge, la forme par excellence de la prière continuelle. On trouve déjà cette affirmation dans un des témoignage de la tradition ascétique la plus ancienne, la Lettre de saint Arsène le Grand:
" §12 – Ne cesse as de prier pour que les démons ne trouvent pas de lieu où semer de l’ivraie dans ton champs. §13- N’aie pas de pitié pour ton corps pour le sommeil mais plutôt psalmodie.§14- Si tu ne sais pas psalmodier, rends grâce à Dieu et dit: "Gloire  à toi, ô Dieu", et dis cette parole de nombreuses fois et, si tu peux, dix mille fois: "Gloire à toi, ô Dieu", §15 – et le Seigneur t’enverras son ange afin qu’il chasse le démon[21]."
Voici ce que dit père Serge:
"Réjouissez-vous dans le Seigneur et ravivez sans cesse dans votre âme la flamme de  cette joie salvatrice. Répétez mentalement au Seigneur : « Je Te rends grâce pour tout ! Je Te rends grâce, à Toi qui es sage, à Toi qui es bon, à Toi qui seul aimes et es  aimé ! Tu m’as donné de connaître les voies de la Vie. Tu m’as abreuvée à la coupe de Ton Amour. Tu m’as amenée dans Ton Temple ! Tu m’as fait communier à Ta souffrance et à Ta gloire ![22]».
Et dans un autre extrait:
" Et Gloire à Dieu pour tout ! Gloire à Lui, l’Aimé, le Sage, le Précepteur, le Maître,  le Guide, la Lumière! Déversez devant Lui votre plus sincère gratitude pour tout,  tenez-vous devant Lui pendant des heures, laissant couler de votre cœur votre reconnaissance envers Lui, peu importent les mots que vous emploierez…
" Dites : « Je Te rends grâce pour tout ! Je Te rends grâce pour le jour de ma naissance àcette vie merveilleuse ! Pour la grâce du baptême que je porte ! Pour la foi  admirable à laquelle Tu m’as attirée ! Pour Ton Amour, que Tu m’as donné de goûter et de connaître !Pour les guides et les précepteurs rencontrés en chemin ! Pour les ami(e)s spirituels ! Pour Ton Evangile admirable, Livre de Vie et d’Amour ! Pour le glorieux et redoutable Mystère qui nous fait participer à Ta vie, unissant notre petite vie avec Ta vie, éternelle, incorruptible et vivifiante ! Je Te rends grâce pour toute ma  vie, pour ce combat pour Toi. Je n’aime que Toi seul, Toi l’unique, et personne ni rien d’autre au monde ! ». Voilà la prière incessante du cœur, et avec elle dans le cœur, la Vie incorruptible[23] ! ».
Dans un esprit semblable, une lettre de saint Barsanuphe le Grand[24], répondant à la question : " Dis-moi, Père, à quel degré appartient la prière incessante, et si je dois avoir une règle", dit ceci:
"Réjouis-toi dans le Seigneur, frère; réjouis-toi dans le Seigneur, bien-aimé; réjouis-toi dans le Seigneur, cohéritier. Prier sans cesse appartient au degré de l’impassibilité. On expérimente alors la venue de l’Esprit, qui enseigne toutes choses;  toutes choses, donc aussi ce qui concerne la prière. L’Apôtre dit en effet: "Nous ne  savons que demander pour prier comme il faut, mais l’Esprit Lui-même intercède pour nous par des gémissements ineffables[25]." (…) L’homme qui vit en solitaire (…) n’a pas  de règle. Sois comme un homme qui mange et boit selon qu’il en a envie. Ainsi quand  il t’arrive de lire et que tu vois de la componction dans ton cœur, lis tant que tu le peux.  De même pour la psalmodie. Garde bien de toutes tes forces l’action de grâce et le  "Seigneur aie pitié", et n’aie pas de crainte. "Car les dons de Dieu sont sans repentance".[26]

4) Le repentir et la joie
Involontairement, le père Serge révèle ainsi sa vie personnelle. Ces expressions ne sont pas empruntées à des livres mais il éprouve lui-même ce dont il parle. Quoi que jeune moine encore, il enseigne quelque chose dont il fait l’expérience. Il est donc légitime de mettre en relation ses paroles avec les conseils que saint Silouane lui adressa à l’orée de sa vie monastique:
"Je me réjouis de savoir que le Seigneur vous a donné le repentir et de combattre  contre vous-même. (…) Je vous écris, mon âme vous a beaucoup aimé. Vous êtes mon frère en Christ que le Seigneur a aimé à cause du repentir. Dites le plus possible aux  gens: « Faites pénitence![27]"
On pourrait croire que la joie qui s’exprime dans les lettres est contraire à ce commandement. Il n’en est rien, cependant, comme en témoigne un Apophtegme anonyme des Pères du désert[28] où sont décrites deux manifestations opposées du repentir.
Deux frères, ayant quitté le désert et péché gravement, se repentent et décident de revenir au désert faire pénitence.
"Les anciens les enfermèrent pour une année et leur donnèrent à chacun la même  mesure de pain et d’eau. Ils avaient à peu près le même aspect. Quand leur temps  de pénitence fut terminé, ils sortirent, et les pères virent que l’un était pâle et morne tandis que l’autre était prospère et joyeux; ils furent dans l’étonnement car leur nourriture avait été la même. Ils interrogèrent le morne et lui dirent: "Comment t’entretenais-tu avec tes pensées dans ta cellule?" Il répondit: " Je pensais aux fautes que j’ai commises et au châtiment que j’ai encouru, et la crainte collait ma chair à mes  os." Ils demandèrent à l’autre: "Et toi, que pensais-tu en ton cœur dans ta cellule?" Il leur dit: "Je remerciais Dieu de m’avoir arraché à l’impureté du monde et au châtiment  et de m’avoir amené dans cet état angélique; j’étais plein de joie en pensant à Dieu." Et  les anciens dirent: "La pénitence de chacun d’eux est égale devant Dieu!".
De plus, si l’on place en parallèle un texte de saint Marc le Moine[29], on aimerait conclure pour une certaine supériorité à la pénitence joyeuse:
Selon saint Marc, en effet, l’intellect se meut, " en trois directions: selon la nature, contre la nature, au dessus de la nature. Toutes les fois qu’il pense selon la nature,  il se découvre responsable de ses pensées mauvaises et il confesse à Dieu ses péchés, constatant en lui-même les causes de ses passions. Lorsque sa pensée va contre la nature, il oublie que la justice vient de Dieu et il bataille contre les hommes comme s’ils commettaient l’injustice à son égard. Au dessus de la nature, il trouve les fruits  du Saint Esprit dont parle l’Apôtre: l’amour, la joie, la paix et la suite[30]. (…)"
Quant au père Serge, il ajoute dans une autre lettre:
"Réjouissez vous dans le Seigneur et que l’âme brûle incessamment de cette joie salvatrice. Restez fermement attachée au Seigneur par la pensée: "Je Te rends grâce  pour tout! Je te rends grâce, Toi le Sage, Toi le Tout Bon, Toi le seul Aimant et Aimé! Tu m’as donné de connaître les voies de la Vie. Tu m’as abreuvée à la coupe de Ton amour. Tu m’as conduite dans Ton Temple! Tu m’as fait communier à Ta souffrance et à Ta gloire![31]"
Saint Paul ne dit-il pas lui-même: "Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps, je le dis encore, réjouissez-vous![32]".
Tout l’extrait n°6 est consacré à cette joie:
" Je vous félicite à l’occasion de la fête merveilleuse de la Protection de la Mère de  Dieu! Que la Joie sans soir et l’Amour inextinguible du Christ réchauffent votre cœur et votre esprit! Je vous félicite également pour le Mystère le plus doux au monde de l’Amour de Jésus, pour la Communion si Douce et Vivifiante! Quel Trésor! C’est  seulement notre négligence qui nous exclut[33] de cet Amour! Si, à l’avenir, nous étions toujours intérieurement dans la Divine garde du cœur, ce trésor nous réjouirait de l’intérieur et réchaufferait et nourrirait avec une grande douceur notre esprit, et nos sens, et notre corps!
C’est seulement ceux qui ne connaissent pas et n’ont pas goûté l’Amour de Dieu qui peuvent accorder du prix à tout ce qui est extérieur; mais pour ceux qui sont intérieurement réchauffés par l’Amour du Christ, il est irrésistiblement doux de séjourner au dedans du cœur et là, de se délecter de la Joie et de l’Amour de Dieu! Voilala Vie! "La joie en Dieu est plus forte que la vie d’ici-bas" selon les paroles de saint Isaac le Syrien. Et toute la vie consiste dans la recherche et dans l’acquisition de cette Joie salvatrice et vivifiante! (…)Tout le mystère réside dans le fait d’aimer le Seigneur de tout son cœur; et cela, qu’est-ce qui peut l’empêcher? Daniel – dans la fosse aux lions, les Trois Enfants – dans la fournaise de feu, les Apôtres – à toutes les  extrémités du monde – n’ont pas éteint cette flamme. Mais brûlant d’amour pour Dieu et enflammant les autres pour Lui, tels de grands Flambeaux de Dieu, ils ont glorifié Son Nom! "

5)Vie monastique ou vie laïque
" Et n’est-il pas égal où nous recueillons des miettes de cette Joie – de ce  Bien! Que ce soit dans le désert, ou dans un skite, ou au sein d’une famille -c’est égal!… Pour  ceux qui aiment Dieu sincèrement, ni le lieu ni le moment ni les conditions n’ont d’importance Où que nous nous trouvions – nous sommes bienheureux et très bienheureux – que ce soit dans des palais, ou dans des taudis, ou dans "des antres de  la terre"[34]!"[35]
Les lettres insistent sur le fait que la vie intérieure de l’homme est la seule chose qui compte devant Dieu, qu’il soit laïc ou moine, le mode de vie dans lequel la Providence de Dieu l’a placé n’a pas d’importance. Comme le dit la Parole n° 81[36]:
"Ce qui est important, ce n’est pas la condition extérieure: être moine ou vivre dans le monde. L’important c’est d’être uni au Christ. Certains qui par leur condition de moine vivent physiquement hors du monde, en restent prisonniers et s’y dispersent par leur  esprit. D’autres qui vivent par leur corps au milieu des hommes, au beau milieu de l’agitation du monde, s’en isolent et sont détachés intérieurement."
Comme le dit la Parole n°32[37]:
"Un homme devient moine parce qu’il perçoit qu’il y a un divorce entre sa vie intérieure et ses conditions de vie dans le monde et qu’il ne peut plus mener sa vie intérieure dans les conditions du monde. Il se réfugie alors dans la vie monastique."
C’est ce qui explique certaines fuites du monde dont on entend le récit dans les vies de Saints qui, par exemple, abandonnent femme et enfants pour partir au désert. Mais c’est aussi cela sans doute qui fait qu’un moine part au désert et devient ermite: les conditions du cenobium ne sont plus remplies pour mener sa vie intérieure comme Dieu veut.

6) La prière et la violence exercée sur soi

On se souvient de l’Evangile où le Seigneur dit "le Royaume des cieux s’est approché et ce sont les violents qui s’en emparent[38]". En accord avec la tradition patristique, père Serge voyait là évidemment une violence intérieure et expliquait que ces "violents" se font violence à eux-mêmes pour lutter contre les passions et renoncer à l’égoïsme.
A ce sujet nous devons citer l’archimandrite Sophrony (Sakharov)[39]:
"Les commandements du Christ ont un caractère pleinement positif: "aime". En  général, une vie en Dieu ne peut être qu’un acte éminemment positif. Quand rayonne  l’amour de Dieu, il n’y a pas d’ascèse comprise comme effort de négation volontaire  pour vaincre telle ou telle passion. Celui qui est rempli de l’amour du Christ, celui chez qui cet amour est devenu comme naturel, celui-là n’a pas besoin de répudier ses attaches au monde des choses, ni la servitude des passions, parce qu’il en est libre. Dans cet état, tout action spirituelle, accomplie selon des préceptes du Christ, n’exige pas que l’on se contraigne, mais exprime spontanément, avec douceur, la surabondance  de l’amour.
"Mais par la suite de la chute de l’homme, une action purement positive selon les lois de l’Evangile, comme persévérance et croissance dans le bien, comme amour pour Dieu, s’entrelace inévitablement, dans les limites de cette vie, avec la forme négative de l’ascèse, comme résistance à "la loi du péché", qui pèse continuellement sur nous."
Pour ceux chez qui "l’amour de Dieu est devenu comme naturel", et aussi longtemps que dure cette situation, cette violence pourrait concerner encore à la rigueur ce qui tenterait de les détourner de la prière, mais elle ne peut concerner la prière elle-même ni le mouvement qui les porte vers Dieu.
En effet, nous dit père Serge:
" (…) Il faut aller vers Dieu avec légèreté[40], avec une grande simplicité et une grande espérance. Son Amour est sans limite et les signes de cet Amour, nous les trouvons autour de nous dans la vie de tous les jours. Pourquoi se décourager, de quoi se lamenter? Consacrons nous tout entier à Lui et marchons à Sa suite. Comme Il a dit à l’Apôtre Pierre: "Suis-Moi"! suivons-Le nous aussi. Et tout sera pour nous[facile] et léger, il n’y aura aucune difficulté. La difficulté est là où règnent les [pensées] humaines, mais là où est le Seigneur – là sont la joie et la liberté. Et vous aussi, vous  êtes libre et n’êtes la servante de personne, hormis de Dieu. Allez à Sa suite, aimez-Le de tout votre cœur, avancez vous vers Lui légèrement, avec plus de simplicité.[41]"
Et plus loin:
" Son Amour est plus haut que tout, la joie en Lui est plus forte que la vie d’ici-bas…  Considérez tout avec tranquillité, allez vers Lui avec légèreté. Il vous aime et rien ni  personne ne peut vous séparer de Son amour… Allez librement. Sachez que c’est Lui  notre Guide principal, notre Directeur et notre Maître."
C’est donc contre ce quinous détourne de cet amour, contre ce qui nous refroidit et nous rend indifférents, que nous devons nous battre[42].
Apprenant la prière à des enfants spirituels, saint Porphyrios les met souvent en garde contre la brutalité exercée sur soi pour se forcer à prier. Entre autre, il dit ceci:
" Nous allons dire la prière du cœur [ensemble], je dirai, moi, les paroles en premier  et vous, vous les répéterez. Mais faites attention: sans vous presser ni en éprouver  quelque anxiété. Vous les direz calmement, humblement, avec amour, avec  douceur.[43]"
Un de ses interlocuteurs, rapportant une conversation, dit ceci:
"La prière ne se compte pas, elle jaillit. Elle n’est pas objet d’observation de la part de  celui qui prie, elle se répand ainsi que des larmes dans l’émotion, sans un effort  prémédité. Un travail est toutefois nécessaire aussi pour la prière, mais ce travail n’est ni violent ni obligatoire. Nous devons lire quelque texte de spiritualité, encenser, chanter, allumer notre veilleuse, rendre grâce, glorifier, faire des demandes et tout cela  simplement, sans y être forcés, dans la simplicité du cœur.[44]
Un autre, plus brièvement:
"La bonne force va richement, mais doucement, comme un "bruissement", comme dit l’Ancien Testament.[45]"
Et encore:
"La communion avec le Christ, quand elle se fait dans la simplicité, tout en douceur,  sans pression, met le diable en fuite. Ce n’est pas sous la pression ni la contrainte, que Satan s’en va. C’est avec de la douceur et par la prière, qu’on l’écarte."
Et père Serge, de son côté:
" Sois avec le Seigneur simplement, comme avec l’air: respire Le et vis: voila toute la  science de la vie spirituelle. Chacun y va par les chemins qui lui sont propres, mais le but est unique, s’unir à Lui, L’avoir dans le cœur.[46]"
Et aussi:
"Voila que le Seigneur, pour votre foi et votre patience, vous a envoyé la brise légère  du sud, tiède et douce, de Sa miraculeuse bienveillance. Il en est toujours ainsi – pour  ceux qui font patience avec sagesse et ne perdent ni l’espoir ni l’espérance.  Dorénavant, allez ainsi (comme l’eau coule) – ne réfléchissez pas, ne créez pas de difficultés – en général il n’y en a pas, elles sont le fruit des suggestions du malin"[47].
Et dans une autre lettre:
" (…) Voila l’arme toute victorieuse: le Nom de Jésus! En pénétrant au fond du cœur, Il  y installera un paradis incessant, d’une douce chaleur,et la lumière embaumée de  l’Amour de Dieu.[48]"

7) Le sentiment de la présence du Seigneur

Il existe de nombreux points de convergence entre les deux Pères spirituels et il faudrait beaucoup de pages pour les étudier toutes. Je reviendrai finalement sur un aspect très particulier, le sentiment de la présence de Dieu.
" Dire [la prière de Jésus] dans sa forme brève ou complète, nous dit père Serge, c’est  une question de commodité et n’a pas d’importance. Quelle que soit la manière dont l’âme s’habitue à la dire, c’est bien. La force n’est pas dans les mots mais dans le  sentiment de la présence du Seigneur, de Sa proximité, de Son très doux amour  pour nous[49]."
De la même manière, le père Porphyrios, enseignant au moine Agapios comment faire les prosternations qui accompagnent la prière, poursuit:
" Vois-tu comment une Maman serre son enfant dans ses bras? Elle lui fait partager avec elle un sentiment humain. Fais pareil à l’égard du Seigneur. Lorsque tu fais ton canon [de prière de Jésus], que ton corps et ton âme "sentent" le Seigneur.[50]"
Et père Serge:
"Le principal, dit-il, c’est l’attention. Mais si la règle de prière a fatigué l’intellect, il ne peut plus soutenir l’attention pour la prière de Jésus. Priez avec le sentiment vivant de  la présence du Seigneur, sans vous dépêcher, en rassemblant votre attention sur les  mots de la prière – et avec le temps, viendra à vous sans aucun doute la chaleur du cœur – alors entretiens-là seulement, comme tu peux et sais le faire…[51]"

Conclusion

Il faut terminer par une mise en garde contre toute interprétation psychologique de cet enseignement des deux Pères. Il suffit pour cela de les citer lorsqu’ils décrivent la manière d’entretenir cette grâce de la prière, ce qui remet les choses au point.
Dans l’extrait n°9, comme pour corriger toute interprétation émotionnelle et psychologique de ses paroles, le père Serge ajoute:
"L’essentiel est que vous stimuliez en vous-même l’amour pourle Seigneur comme vous le pouvez : par la lecture, l’action de grâce pour tout, la confession des péchés et des erreurs, la compassion et la sympathie envers tous les hommes et même envers les créatures de Dieu. Sur ce chemin-là, on ne peut s’égarer… Que la pensée que vous êtes aimée du Seigneur vous donne des ailes. (…)Tout [ce qui vous arrive] est selon Sa Sainte Volonté… Et tout est extrêmement sage et  admirable ! Enflammez-vous d’amour et de reconnaissance envers Lui pour tout. Brûlez devant Lui comme le cierge de Jérusalem, du feu pur de l’Amour, de la douceur et de l’espérance ! Et tous vos proches s’enflammeront à votre contact. L’amour appelle l’amour ! L’Amour vient de la prière, de la lecture, de l’effort de purification de soi. Confessez plus souvent le moindre « grain de poussière », cela  fait monter dans le cœur de douces larmes devant le Seigneur… La confession peut être journalière (…) C’est le moyen le plus sûr pour réchauffer en soi l’amour pour Dieu. Que le Seigneur Dieu vous aide et vous garde. Qu’Il fortifie en vous la joie, l’amour, la paix."
Ailleurs également:
"Aimez Dieu simplement, non dans les sentiments mais dans la constance du  service, dans tous les menus détails.[52]"
Ainsi père Porphyrios dit dans le même sens:
"Dans la prière, c’est sans nous en rendre compte que nous entrons. (…) C’est notre  relation au Christ, la conversation, l’étude, la psalmodie, la petite veilleuse, l’encens qui constituent l’environnement favorable. De cette manière tout devient simple:  "Dans la simplicité du cœur[53]." En lisant les psalmodies, les offices avec amour, sans nous en rendre compte, nous devenons saints. Les paroles divines nous remplissent d’allégresse. C’est cette allégresse, cette joie qui constituent notre propre effort, pour entrer facilement dans l’atmosphère de la prière. (…) Cet effort est doux, il n’est pas  sanglant. (…) C’est de cette manière que, sans nous en rendre compte, nous aimons Dieu, sans oppression, ni efforts ni lutte.[54]"
Et encore:
"Nous devons cheminer tous seuls vers Dieu, dans la simplicité et la naïveté du cœur.  (…) La simplicité est une sainte humilité, à savoir une confiance absolue dans le Christ. Nous devons abandonner notre vie toute entière au Christ. (…) Prier "dans la  simplicité et la naïveté du cœur", (…) c’est un mystère, cela ne peut se faire que par la grâce de Dieu. (…) C’est de cette manière que vous devez lutter dans la vie spirituelle: d’une manière douce, simple, exempte de violence. Ce qui est simple et  doux est une modalité très sainte de la vie spirituelle, mais il n’est guère possible d’en apprendre le procédé par cœur.[55]"
" Si vous ne faites pas acte d’obéissance et si vous n’avez pas d’humilité, la prière ne  vient pas. Le risque existe, de plus, d’être entraîné dans l’erreur. Préparez vous tout en douceur, tout en souplesse, et dites la prière à l’intérieur de votre esprit. Ce qui appartient à l’esprit, se situe aussi dans le cœur.[56]"

Père Serge disait ainsi, bien clairement lui aussi:
" Là où il y a tension, l’orgueil est là ".


[1] Comme, par exemple, les lettres à Nicolas Alexeevitch Poltoratsky publiées récemment sur le site consacré à L’héritage de la paroisse de la Sainte Trinité dont le père Serge fut le recteur de 1945 à 1987 (cf. www.eglise-orthodoxe-vanves.org).

[2] Cf. Saint Matthieu, 9, 20-22;Saint Marc, 5, 25-34;  Saint Luc, 8, 43-48.

[3] Archimandrite Sophrony, Lettres à des amis proches, Paris, 2013. Comme on me l’a obligeamment fait remarquer, ces lettres furent envoyées en Union Soviétique et étaient obligatoirement lues par les services secrets. Leur sobriété s’explique donc aussi parce qu’il était important de ne rien dire qui puisse avoir des conséquences pour qui que ce soit. Ces remarques valent aussi pour les lettres du père Serge à Poltoratsky, envoyées elles-aussi en Union Soviétique. Il me semble cependant que les remarques concernant la nécessité pour les spirituels de se cacher aussi complètement que possible restent valables.

[4] Saint Luc, 14, 26.

[5] Buisson ardent, Cahiers Saint Silouane l’Athonite, n°23, "Vie chrétienne et inspiration créatrice", 2016, Belgique, pp. 81-91.

[6] Sur l’amitié spirituelle, cf. saint Maxime le confesseur, Centuries sur la Charité, IV, 92-99.

[7] Entretien avec l’auteur.

[8] Cf. Psaume, 26, 1: "Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte ?"

[9] Première Epître de Saint Jean , passim,mais particulièrement, 4,20.

[10] Saint Jean, 4, 14.

[11] Oбвеселие.

[12] Vie et Paroles, Lausanne, 2009,p. 281.

[13] Epître aux Romains, 8, 19-23

[14] Saint Jean Climaque, L’Echelle sainte, §28, 59, traduction Desseille, p. 298. Spiritualité orientale n°24, Editions de Bellefontaine, Abbaye de Solesmes, 1978.

[15] Cf. Saint Matthieu, 7, 8.

[16] Saint Luc, 23,39-43.

[17] Archimandrite Sophrony, Saint Silouane, Vie, doctrine, écrits, Paris, 2016, p.45

[18] Saint Jean, 4, 14.

[19] Saint Jean, 7, 37-39. Cet évangile est lu lors de la fête de la Pentecôte.

[20] Epître aux Romains, 8, 26; cf. Epître aux Galates, 4, 6.

[21] Lettres des Pères du désert, Ammonas, Macaire, Arsène, Sérapion de Thmuis, p. 108 et pp. 93-94 de l’introduction de Dom André Louf, qui fait le point sur la postérité ascétique et liturgique de cette formule. Spiritualité orientale n°42, Editions de Bellefontaine, Abbaye de Solesmes, 1985.

[22] Extrait n°5

[23] Extrait n°11.

[24] Barsanuphe et Jean de Gaza, Lettre n°87, Correspondance, I, tome 2, SC n°427, page 377.

[25] Epître aux Romains, 8, 26.

[26] Epître aux Romains, 11, 29.

[28] Sentences des Pères du désert, série des anonymes, traduction et présentation par Dom Lucien Regnault, Spiritualité orientale n°43, Editions de Bellefontaine, Abbaye de Solesmes, 1985, n°1186, N 186, pp. 71-72.

[29] Saint Marc le Moine, Traités spirituels et théologiques, 2: "De ceux qui pensent être justifiés par leurs œuvres", §83, p.50, Introduction de Kallistos Ware, traduction et notes, C-A. Zirnheld, Spiritualité orientale n°41, Editions de Bellefontaine, Abbaye de Solesmes, 1985.

[30] Epître aux Galates, 5, 22-23.

[31] Extrait n°5. Ces paroles sont placées par le père Serge dans la bouche de sa correspondante.

[32] Epître aux Philippiens, 4, 4. Cf. 3,1; 2ème Epître aux Corinthiens, 13, 11; 1ère Epître à Timothée, 5, 16.

[33] Littéralement: nous "excommunie".

[34] Epître aux Hébreux 11, 38.

[35] Extrait n°6.

[36] Larchet, p.116.

[37] Larchet, p.108.

[38] Saint Matthieu 11, 12 etSaint Luc, 16, 16.

[39] Archimandrite Sophrony (Sakharov),  La félicité de connaître la voie, Lausanne, 1985, p.62.

[40] Le mot russe employé "lëgkoct" signifie au sens propre "légèreté" puis "facilité", "délicatesse", "aisance". Il s’agit de la légèreté qui s’oppose à la lourdeur, à la pesanteur. Il est clair que le père Serge ne parle pas de la mauvaise légèreté qui révèle la superficialité d’une âme éprise des vanités du monde et inconsciente de la gravité du salut, une âme qui ignore "à quel prix élevé nous avons été rachetés". Il s’agit de la légèreté que, notamment, la philosophe Simone Weil, dans son livre La pesanteur et la grâce, opposait à l’élévation pesante de l’orgueil et qui accompagne l’abaissement "avec grâce" que les chrétiens nomment "humilité".

[41] Extrait n°10

[42] Voir également les extraits de lettre cités en conclusion, particulièrement le n°15.

[43] Constantin Karakolis, Père Porphyrios, Anthologie de conseils, traduction A. Tomadakis, Lausanne 2007, citant K. Giannitsiotis, Auprès de l’Ancien Porphyre, Athènes, 1995. p. 276.

[44] Ibid., p.282

[45] Cf. I Rois, 19, 11-13. Klitos Ioannidis, Géron Porphyrios, témoignages et expéreinces, traduction sœur Iohanna (de la Ferrière), Athènes, 2005, témoignage de l’archimandrite Ioannikios Kotsonis, p. 125.

[46] Extrait n°11. Cette simplicité et ce naturel dans la prière rappelle aussi celle qu’exprime le métropolite Antoine dans ses souvenirs concernant son père spirituel, l’archimandrite Athanase (Netchaev) avec lequel le père Serge vécut de 1941 à 1943. Le futur métropolite, à peine tonsuré, lui demande une règle de prière et le père Athanase lui répond: « Quelle règle te faut-il? Maintenant tu es moine – prie sans cesse! »
Cf. http://eglise-orthodoxe-vanves.org/personnalites/archimandrite-serge/et-ses-enfants/
Dans le même esprit, père Serge disait: "Dans la vie spirituelle, n’essayez pas de sauter par dessus les obstacles, à la force du poignet,c’est-à-dire par vos propres forces, mais au contraire, passez dessous – comme font les petits enfants qui ne peuvent escalader les barrières mais savent s’abaisser et ramper sous ce qui les empêche de passer!"

[47] Extrait n°15.

[48] Extrait n°11.

[49] Extrait n°9.

[50] Moine Agapios, La flamme divine, l’ancien porphyrios, Traduction des moniales de Solan, monastère de Solan, 2007, pp 61-62.

[51] Extrait n°13.

[52] Extrait n°15.

[53] Sagesse de Salomon, 1,1.

[54] Père porphyre, Vie et paroles, Lausanne, 2009, pp. 154-155 (etpassim,pp.153-163).

[55] Ibid. pp. 158-159.

[56] Ibid. pp. 160. Cf. également pp. 199-201.